Burkina-Faso

À l'horizon 2030, le Burkina-Faso vise à créer une croissance forte et inclusive par la transformation structurelle de son économie.

Gouvernance

Diagnostics : les enjeux

L’enjeu : restaurer et adopter des pratiques durables pour préserver les sols et la biodiversité

Pays enclavé d’Afrique subsaharienne, le Burkina Faso compte différentes zones écologiques au climat tropical alternant saison sèche et saison pluvieuse. Irrigué par trois affluents de la Volta ainsi que par deux systèmes fluviaux internationaux, le fleuve Niger et le fleuve Comoé, le pays n’en reste pas moins vulnérable aux sécheresses et aux pénuries d’eau. Il s’est d’ailleurs doté de nombreux barrages et digues pour répondre aux besoins en eau de la population urbaine et permettre l’irrigation des cultures pendant la saison sèche.

Les différents écosystèmes du Burkina Faso fournissent des habitats à un très grand nombre d’espèces. Cependant ces derniers sont extrêmement fragmentés et soumis à une pression humaine croissante, notamment celles exercées sur les ressources foncières par l’augmentation de la densité de population (urbanisation) et la croissance qui se traduisent par une déforestation accrue, la fragmentation de l’habitat et le surpâturage.

1 647 espèces

évaluées dont 3 endémiques

48 espèces

menacées dont 3 endémiques selon la Liste Rouge de l’UICN (2021-1)

MENACES MONDIALES LES PLUS IMPORTANTES :

Changement climatique – sécheresse
Agriculture – cultures non ligneuses annuelles et pérennes
Utilisation des ressources biologiques – chasse et piègeage des animaux terrestres
Pollution – Effluents agricoles et forestiers

Les points clés retenus :

La restauration des habitats montre un potentiel particulièrement intéressant pour la survie des espèces dans le pays. 

Ainsi, des actions de restauration écologique appuyées par la réduction ciblée des menaces liées à l’élevage, aux cultures annuelles et pérennes non ligneuses (en particulier cultures de rente) et aux effluents agricoles et forestiers présentent un potentiel important pour renverser les pressions anthropiques sur la biodiversité du Burkina Faso.

Ces résultats sont les fondements scientifiques des réunions des parties prenantes pour choisir les 3 secteurs d’engagement.

  • Agriculture : coton et élevage
  • Exploitation minière : or

Au Burkina Faso, le coton est la culture de rente la plus importante. C’est aussi l’une des principales sources de revenus pour plus de 5 millions de burkinabé (soit environ 30% de la population). La production annuelle de coton est de 472 000 tonnes en 2021 et représente pour les producteurs une valeur ajoutée annuelle moyenne de 78 milliards de FCFA.

La filière coton est encadrée par une série de dispositions en faveur de la biodiversité et du développement durable. Néanmoins des insuffisances de contrôle subsistent à différents maillons de la chaîne de valeur. Ces faiblesses sont dues à plusieurs facteurs organisationnels, de manque de moyens, d’absence de capacités techniques dans la mise en œuvre et de faiblesses dans la vulgarisation des textes.

Plus de 80% des Burkinabé pratiquent l’élevage. Ce secteur contribue à hauteur de 18% du PIB et les produits qui en sont issus génèrent 26% des recettes d’exportation du Burkina Faso. Deux grands systèmes coexistent : traditionnel (qui repose sur l’exploitation des ressources fourragères des pâturages lors des transhumances saisonnières) et l’élevage amélioré (minoritaire mais en croissance, c’est un système d’élevage semi-intensif à intensif qui nécessite plus d’intrants).
Plusieurs actions fortes de l’Etat et de ses partenaires tendent à soutenir le développement d’un élevage pastoral durable. On peut notamment citer la création et l’aménagement d’espaces dédiés à la pâture des animaux ou encore la mise en place d’un fond de développement de l’élevage pour appuyer l’équipement des producteurs. Mais globalement les infrastructures publiques de production sont insuffisantes et leur durabilité n’est pas assurée par insuffisance ou faiblesse des investissements publics et/ou défaut de gestion appropriée.

Au Burkina Faso, la part des industries extractives (dont le principal minerai est l’or) dans le PIB atteint 12.7% en 2020. Sa production industrielle est de 62.14 tonnes en 2020 et sa production artisanale est estimée à 9.5 tonnes/an.

Un ensemble de textes nationaux et de conventions internationales encadrent une exploitation aurifère qui s’inscrit dans une dynamique de développement durable.
Néanmoins des insuffisances subsistent telle l’absence de prise en compte de la biodiversité dans les évaluations environnementales, l’absence de stratégies nationale & sectorielle de conservation de la biodiversité, ou encore l’absence d’outils techniques pour le suivi et l’évaluation des impacts. De plus, l’application de ces textes est mise à mal par le nombre important de sites artisanaux qui échappent au contrôle. Par ailleurs, poussées par d’importantes réformes afin d’accroître l’impact économique du secteur, la filière or est caractérisée par une forte pression foncière et sur les ressources naturelles.

Rapports – Évaluation des menaces pesant sur la biodiversité nationale au Burkina-Faso (FR)

Policy brief – Recommandations pour intégrer la biodiversité aux secteurs économiques au Burkina-Faso (FR)

Rapports – Diagnostic des secteurs et scénarios d’engagements pour la biodiversité au Burkina-Faso (FR)

Policy brief – Concilier l’élevage et la préservation de la biodiversité au Burkina-Faso (FR)

Policy brief – Concilier la production cotonniere et la preservation de la biodiversité au Burkina-faso (fr)

Policy brief – Concilier l’exploitation de l’or et la préservation de la biodiversité au Burkina-Faso (fr)

Dialogue : les acteurs impliqués

Le processus de dialogue

Le Burkina Faso a organisé 2 ateliers de dialogue pour chacune des filières qui ont permis d’aboutir à des ébauches de plans d’actions sectoriels. Les solutions identifiées par les parties prenantes sont identiques aux scénarios d’engagement identifiés dans l’analyse approfondie des secteurs qui intègre les retours des parties prenantes suite aux diverses consultations et ateliers. Ainsi le processus de dialogue a permis de dessiner des priorités d’actions sans aboutir à des objectifs chiffrés ni à des engagements volontaires complets signés.

  • Les producteurs de coton : ils sont structurés en coopératives (SCOOPS-PC), elles-mêmes réunies au sein d’unions qu’on retrouve au niveau départemental (UDPC), provincial (UPPC) et national (UNPC-B).
  • Les acteurs institutionnels : ils définissent la politique agricole, participent à l’élaboration et la mise en œuvre du cadre réglementaire & législatif ainsi qu’au développement des infrastructures.
  • Les sociétés cotonnières (SOFITEX, SOCOMA, Société FASO COTON réunies en association des professionnels des sociétés cotonnières) : elles sont en charge de l’approvisionnement des intrants, du conseil aux producteurs, de l’achat & de la collecte du coton graine, de la valorisation des produits finis et des coproduits.
  • Association interprofessionnelle du coton : elle a pour mission de fixer les prix d’achat du coton graine et des intrants, d’approuver les programmes de recherche cotonnière, de créer un cadre de concertation pour traiter les questions d’intérêt commun entre les membres.
  • Les transformateurs : ce sont les industries de valorisation de la graine de coton (broyage, textile).
  • Les fournisseurs d’intrants : chaque société cotonnière assure son approvisionnement en intrants (pesticides, engrais, appareils de traitement, fertilisants organiques) dans sa zone géographique.
  • Les transporteurs : il existe plusieurs intervenants en fonction de la matière transportée (coton graine, fibre ou intrants)
  • Les banques nationales & internationales : elles sont en charge du financement du crédit de campagne à travers l’achat du coton graine, de l’acquisition & de la fourniture des intrants, du crédit équipement aux producteurs et du financement des investissements industriels.
  • La recherche cotonnière (INERA) : elle joue un rôle essentiel dans le système de production via 4 volets (amélioration du matériel végétal, agronomie et techniques culturales, défense du cotonnier et agroéconomie & sociologie)
  • Les éleveurs : ils représentent 75% de la population active. Jeunes et peu alphabétisés, une faible proportion d’éleveurs est regroupée dans des organisations socio-professionnelles
  • Les organisations socio-professionnelles : elles ont trois missions principales : la définition & la mise en œuvre de la politique de développement de l’élevage ; la sensibilisation & formation des membres sur les méthodes d’élevage et la gestion des conflits ; la représentation et l’appui technique aux éleveurs
  • Les associations (sous)-régionales d’éleveurs : avec un statut d’ONG, elles interviennent dans les domaines du plaidoyer pour la sécurisation de l’accès aux ressources pastorales, de la sensibilisation, de l’information des éleveurs sur les bonnes pratiques d’élevage et sur la mobilisation de ressources financières
  • Les acteurs institutionnels (ministères en charge de l’élevage, de l’agriculture de l’environnement et de l’administration territoriale) : ils ont un rôle régalien à travers la définition et la mise en œuvre des politiques gouvernementales, la planification spatiale et la gestion des infrastructures et équipements
  • Les instituts de recherche (CNRST, INERA, IRSAT, IDR) : ils forment les cadres supérieurs & participent à la mise au point et diffusion d’itinéraires techniques et de technologies performantes pour l’élevage
  • Acteurs institutionnels : gouvernement central, agences nationales d’encadrement des pratiques (ANNEEMAS, BNAF, ONASSIM, ANEVE) & autorités locales : rôle régalien à travers la veille règlementaire, l’encadrement des acteurs de la filière, le suivi-contrôle des activités, la surveillance et le suivi environnemental
  • Les entreprises minières : exploitation des mines, mise en œuvre de politiques environnementales propres, dispositifs de RSE, adhésion à des standards internationaux, réhabilitation des sites après exploitation
  • Les exploitants semi-mécanisés & exploitants artisanaux : exploitation des mines, alimentation d’un fond de préservation et de réhabilitation de l’environnement, regroupement en organisations socioprofessionnelles structurées et fonctionnelles
  • Les commerçants d’or : bonne connaissance des mineurs, incontournable sur les problématiques de contrebande et de commerce du mercure
  • Les organisations de la société civile : veille citoyenne pour le respect de la règlementation nationale et des engagements internationaux, sensibilisation et communication, veille réglementaire
  • Les autorités coutumières : légitimité locale, détiennent le « permis social d’exploiter »

Vidéos – Allocution de Simeon Sawadogo, ministre de l’environnement du Burkina-Faso

ENGAGEMENTS : les solutions identifiées

Tout le processus de dialogue et les engagements résultants sont présentés de façon synthétique dans la fiche ci-dessous.

États et collectivités territoriales :

  • Promouvoir la sécurisation foncière dans les zones cotonnières
  • Mettre en œuvre le volet agricole du PNA

Sociétés cotonnières et structures de recherche:

  • Soutenir la production et l’utilisation de la fumure organique
  • Subventionner les engrais biologiques et autres intrants organiques
  • Appuyer la recherche-développement et promouvoir l’agroécologie

Producteurs de coton et conseillers agricoles : Expérimenter la mise en œuvre de pratiques agroécologiques

Public: Assurer l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de promotion des pratiques d’élevage durables

Éleveurs et organisations socio-professionnelles:

  • Promouvoir et mettre en œuvre les bonnes pratiques en matière de systèmes de production animale ;
  • Développer des réseaux paysans pour des partages d’expériences, de connaissances et de services

Compagnies minières :

  • Appui à l’élaboration et/ou à la mise en œuvre des Plans d’aménagement et de gestion des aires protégées ;
  • Campagnes de reboisement sur des terres dégradées

Artisans miniers :

  • Appui à l’organisation des artisans miniers en coopératives et à la signature de conventions comprenant des engagements de conservation de la biodiversité
  • Réduction de l’utilisation de produits chimiques (ex. mercure)

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