Bénin

Le Programme d'Actions du Gouvernement 2016-2021 vise à développer le bien-être économique et social des béninois par la transformation structurelle de l'économie, tout en protégeant la biodiversité locale.

Gouvernance

Diagnostics : les enjeux

Le Bénin se situe entre le fleuve Niger au nord et la plaine côtière du sud. Les plateaux du sud, de faible altitude, offrent un paysage de forêt-savane guinéenne. La chaîne de l’Atacora, qui s’étend le long de la frontière nord-ouest et culmine au mont Sokbaro (658 m), est principalement constituée de savane et de montagnes semi-arides.

La diversité de la faune et de la flore, plus concentrée dans les aires protégées, reste menacée par l’expansion des feux de végétation, l’élevage extensif, la surexploitation des peuplements forestiers, le surpâturage, l’utilisation de pesticides, les activités de braconnage et l’expansion agricole. Ainsi, les principales pressions anthropiques qui affectent la biodiversité au Bénin sont la perte d’habitat, l’utilisation non durable, la surexploitation des ressources et la pollution. Ces pressions sont aggravées par le changement climatique et la dégradation des sols, qui rendent les épisodes d’inondation près des rivières plus récurrents, tandis que l’érosion côtière constitue une lourde perte pour l’économie. La désertification dans la partie nord est une autre menace majeure pour les moyens d’existence de populations en manque d’alternatives.

3 276 espèces

évaluées dont 5 endémiques

156 espèces

menacées dont 1 endémique selon la Liste Rouge de l’UICN (2021-2)

MENACES MONDIALES LES PLUS IMPORTANTES :

(source : Liste rouge de l’UICN (2021-2))

Utilisation des ressources biologiques – Pêche et collecte de ressources aquatiques – subsistance / intentionnel
Utilisation des ressources biologiques – Pêche et collecte de ressources. Aquatiques – subsistance / non-intentionnel
Développement résidentiel et commercial – logement et zones urbaines
Agriculture – cultures non ligneuses annuelles et pérennes

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Les points clés retenus :

La promotion et l’adoption de bonnes pratiques d’utilisation des ressources biologiques dans les secteurs de l’exploitation forestière et de la pêche seraient bénéfiques aux écosystèmes terrestres comme aquatiques.

La fragmentation des écosystèmes et les pollutions diverses pourraient être minimisées par des actions dans les filières agricoles et dans le secteur de l’urbanisation.

Pour réduire le risque d’extinction des espèces au Bénin, la réduction des menaces présente un potentiel quatre fois plus important que celui de la restauration de la biodiversité.

  • Agriculture : filière coton et cultures vivrières (riz et soja)
  • Exploitation forestière : bois d’œuvre & sylviculture
Nuage des mots les plus fréquemment utilisés dans le rapport d’évaluation des menaces pesant sur la biodiversité nationale au Bénin

Au Bénin, la filière coton constitue l’un des piliers de l’agriculture et la source principale de
croissance de l’économie. Cette culture de rente représente plus de 300 000 exploitations regroupant environ 2 millions d’actifs qui participent chaque année aux activités de production de coton.

Le document de politique agricole nationale et le Plan Stratégique de développement du Secteur Agricole (PSDSA) à 2025, qui traduisent la vision du gouvernement pour le secteur agricole, ont pour ambition de faire du coton un secteur dynamique et un des principaux leviers de la croissance économique. Ils insistent cependant sur la problématique de la dégradation de la fertilité des terres et prévoient des actions qui concourent à la préservation de la biodiversité notamment en matière de gestion durable des terres.

En effet, dans le Nord du Bénin, surtout dans l’Alibori, le coton occupe déjà une grande partie de la superficie des cultures emblavées (environ 40-50%). L’intensification de la production avec l’utilisation des intrants chimiques provoque un net épuisement des sols. L’apport exclusif d’engrais synthétiques n’améliore pas la fertilité des sols, ce qui affaiblit leur structure diminuant la rétention des eaux de pluies et favorisant leur érosion.

Ces cultures vivrières ont été priorisées par les parties prenantes du fait de l’expansion des superficies des cultures de riz et de soja au cours des 10 dernières années au Bénin. De plus, ce sont des cultures importantes pour l’Etat qui ont l’avantage d’être représentées à l’échelle régionale.

L’importance du riz dans l’alimentation des béninois fait que la production nationale est inférieure à la demande. Le grand défi économique est donc d’en assurer la production pour le marché national mais aussi pour celui de la sous-région, notamment le Nigéria. La filière est encadrée par de nombreux plans régionaux et nationaux de développement pour booster la filière.

La filière soja est une filière émergente promue au Bénin par les acteurs privés notamment en raison de la demande sur le marché international. On constate également une grande consommation au Bénin via des produits transformés (fromage, lait, biscuits, …). La production de soja a dépassé la vision du programme national de développement de la filière  (PNDF soja 2017-2021) avec près de 254 tonnes produites.

Cependant sur ces deux filières, l’accroissement de la production entraîne une perte du couvert végétal et une augmentation de l’utilisation d’intrants.

Les ressources forestières du Bénin sont limitées mais les gouvernements successifs ont appuyé l’installation de plantations de bois d’œuvre d’espèces locales et de teck. En 2018, la couverture des plantations forestières occupe une superficie de 41236 ha. De nombreuses plantations bénéficient de plans de gestion simples qui ne sont pas réellement appliqués par faute de ressources financières et de ressources humaines au niveau des Communes.

Policy brief – Recommandations pour intégrer la biodiversité aux secteurs économiques au Bénin (FR)

Rapports – Diagnostic des secteurs et scénarios d’engagements pour la biodiversité au Bénin (FR)

Policy brief – Concilier la production de coton et la préservation de la biodiversité au Bénin (FR)

Dialogue : les acteurs impliqués

Au Bénin, le dialogue multi-acteurs s’est tenu autour de 3 temps forts pour faire émerger des solutions pour préserver la biodiversité. D’abord la tenue de « cafés biodiversité » pour débattre et réfléchir, entre parties prenantes d’un secteur, aux enjeux de biodiversité liés à leurs activités. Ensuite, un atelier de validation de l’analyse approfondie des secteurs pour enrichir le rapport et favoriser l’appropriation des scénarios d’engagement. Enfin un atelier de dialogue réunissant l’ensemble des acteurs pertinents pour dessiner des priorités d’actions.

Le processus a permis d’aboutir à des pistes d’engagements (sauf pour la filière coton où les solutions sont identiques aux scénarios d’engagement identifiés) sans pour autant réussir à se mettre d’accord sur un plan d’action chiffré financièrement.

  • L’association interprofessionnelle du coton (AIC) : à travers un accord-cadre avec l’Etat, elle est reconnue comme seule organisation interprofessionnelle de la filière et est dotée d’une grande autonomie dans la gestion de la filière. A travers son secrétariat permanent elle coordonne la production cotonnière et la commercialisation du coton graine au Bénin.
  • La fédération nationale des coopératives villageoises des producteurs de coton (FN-CVPC) : elle regroupe les producteurs qui assurent la production de coton à travers les actions de défrichement, de labour, de désherbage, de semis, de fumure, de traitement phytosanitaire et de récolte. Elle regroupe 2406 coopératives villageoises et fait partie de l’AIC.
  • L’Association nationale des égreneurs de coton (ANEC) : elle est composée de 4 sociétés d’égrenages privées dont la seule SODECO représente environ 85% de la capacité totale d’égrenage du Bénin.
  • Les importateurs, distributeurs d’intrants : ils apportent aux producteurs les intrants nécessaires à la production sur la base des doses recommandées par la recherche.
  • Les usines de transformation : extraient l’huile végétale destinée à la consommation humaine ou animale (trituration/production d’huile végétale) ou produisent divers produits à base de coton-fibre ou de fils de coton (filage textile industriel).
  • Les ONG et union de producteurs de coton biologiques : ces organisations (OBEPAB, UCP-Bio, …) œuvrent pour la promotion et la production du coton biologique au Bénin.

Communs :

  • Les acteurs institutionnels (ATDA et DDAEP) : elles sont en charge du développement des filières, du contrôle de la réglementation et de son respect depuis l’approvisionnement en intrants jusqu’à la commercialisation, du suivi et de la mobilisation des statistiques agricoles.
  • La fédération des unions des producteurs (FUPRO-Bénin) : elle assure la défense des intérêts des producteurs et appui ses membres au plan technique, organisationnel, commercial, …
  • La plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles (PNOPPA) : elle assure le plaidoyer pour le secteur privé agricole et les activités syndicales pour les organisations paysannes membres
  • La fédération nationale des producteurs de semences (FNPS-Bénin) : elle réunit les coopératives de semenciers et les producteurs de semences

Pour le riz :

  • Le conseil de concertation des riziculteurs du Bénin : réunit et organise depuis la base jusqu’au niveau national les producteurs de riz
  • Les ONG PROTOS et Entreprise, Territoires et Développement : respectivement elles accompagnent les aménagements hydroagricoles et accompagne les producteurs & transformateurs de riz au plan technique, managérial et commercial pour être compétitif sur le marché

Pour le soja :

  • Les producteurs de soja & organisations professionnelles : en conventionnel ils sont membres de l’Union nationale des producteurs de soja et de l’association Bénin Soja. En bio, ils peuvent être affiliés à l’Union des producteurs de cultures biologiques (UPC-Bio)
  • Les ONG : nombreuses leur rôle va de l’accompagnement technique, la facilitation de l’accès au marché, de la mise en réseau ou à la promotion du soja biologique
  • Les collecteurs de semences : Ce sont surtout des femmes (organisées ou non) qui collectent les semences d’espèces naturelles et exotiques sur commande des producteurs de plants (pépiniéristes). L’Unité de Recherche Forestière de la Direction Générale des Eaux, Forêts et Chasse fournit également sur commande des semences forestières surtout d’espèces locales.
  • Les producteurs de plants : ce sont des individus ou des groupements qui produisent divers plants de différentes espèces qui sont mis en vente pour la mise en place des plantations.
  • Les petits planteurs privés :Sur des superficies inférieures à 5ha, ils installent essentiellement des plantations d’espèces exotiques à croissance rapide et pratiquent une sylviculture de taillis pour la production de bois énergie et de bois de service. Ils ne sont pas organisés.
  • Les gros planteurs privés : Tout comme les petits planteurs, ils installent des plantations d’espèces exotiques à croissance rapide. Ces acteurs travaillent des surfaces supérieures à 5ha et n’ont pas de contraintes foncières. Ils sont beaucoup moins nombreux que les petits planteurs privés.
  • Les communes : Elles s’occupent des plantations communales. Elles manquent des ressources financières propres et de compétences pour la conduite sylvicole des plantations.
  • La société nationale du bois : Mandatée par l’Etat, elle gère certaines plantations domaniales existantes et installe de nouvelles sur les sites appropriés tout en prenant en compte la dimension de la conservation de la diversité biologique.

Engagements : les solutions identifiées

Tout le processus de dialogue et les engagements résultants sont présentés dans la fiche jointe.

  • Au moins 40% des producteurs de coton utilisent des intrants biologiques d’ici 2027 ;
  • Investissement de la recherche dans des intrants biologiques ;
  • Diffusion des pratiques agroécologiques et biologiques ;
  • Le niveau de pollution par les usines d’égrenage de coton fibre, et les usines de filature et d’huilerie est réduit de 20%
  • Approvisionnement auprès des structures formelles ;
  • Fabrication et volonté manifeste d’utilisation d’intrants biologiques ;
  • Utilisation d’engrais organiques et utilisation modérée des pesticides homologués ;
  • Volonté manifeste des producteurs à l’utilisation des semences améliorées à cycle court et résistantes aux déficits hydriques ;
  • Utilisation de techniques d’assolement – rotation, profondeur de labour, labour selon la pente du sol, technique de zéro labour / pseudo labour ;
  • Plaidoyer auprès des décideurs pour la mise en place de semences améliorées
  • Promotion des espèces autochtones et préservation des grands semenciers d’espèces autochtones lors de l’installation des plantations ;
  • Préservation d’une proportion d’habitat naturel dans les plantations et des espèces en voie de disparition retrouvées sur le site ;
  • Réalisation d’un plan d’aménagement et de gestion durable des plantations ;
  • Adhésion volontaire au cahier des charges de l’écocertification

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