Les systèmes alimentaires aquatiques (pêche artisanale, pêche industrielle et aquaculture) sont indispensables à la sécurité alimentaire de nombreux pays et à la nutrition au niveau mondial. Bien qu’ils affectent considérablement la biodiversité, ils constituent une source importante d’emplois. En particulier pour les populations vivant sur les zones côtières et les rives des cours d’eau.
Pêche et aquaculture sont des secteurs économiques qui regroupent l’ensemble des activités allant de la capture ou la culture/l’élevage des ressources vivantes aquatiques jusqu’à leur vente. 5 des 16 pays BIODEV2030 ont identifié la pêche ou l’aquaculture comme un secteur économique prioritaire participant à l’érosion de la biodiversité et au développement du pays : Fidji (pêche côtière), Madagascar (filière crevette), le Mozambique (filières crabe et crevette en mangrove), le Sénégal (pêche artisanale) et le Vietnam (élevage de crevettes et poissons).
LES ACTEURS & ENJEUX ECONOMIQUES DE LA PÊCHE ET DE L’AQUACULTURE
Les secteurs de la pêche et de l’aquaculture se sont considérablement développés au cours de la dernière décennie du fait d’une demande mondiale croissante. Ils participent fortement au développement économique de certaines régions et à la sécurité alimentaire de nombreux ménages. A titre d’exemple, la pêche (toutes filières confondues) procure un revenu à près de 1,5 million de Malgaches et pesait près de 7% du PIB national de Madagascar en 2018. Par ailleurs, on estime que 50% des ménages ruraux fidjiens pratiquent une pêche côtière de subsistance1.
Avec l’accroissement du nombre de bateaux, de leur puissance motrice et du tonnage, l’effort de pêche augmente partout dans le monde. Par exemple, dans le cadre de la pêche artisanale au Sénégal le nombre de pirogues a augmenté de 43.93% en un an dans la région de Thiès. Cela engendre des pressions sur les stocks halieutiques.
L’aquaculture peut également devenir un relai de croissance stratégique : le Vietnam vise une augmentation de la production de 55.5% d’ici 10ans2. Mais c’est en Afrique subsaharienne que l’aquaculture devrait connaître la plus forte expansion.
Une gestion durable des stocks entre tous les acteurs de la chaîne de valeur (pêcheurs artisanaux & industriels, éleveurs, vendeurs, mareyeurs, transformateurs, décideurs, financeurs, …) est désormais nécessaire pour satisfaire la demande et enrayer le déclin des espèces.
3.1% par an
Taux moyen d’augmentation annuelle de la consommation mondiale de poisson alimentaire entre 1961 et 2017
Source : FAO. 2020. The State of World Fisheries and Aquaculture 2020. Sustainability in action. Rome.
8.1 milliards de dollars
Valeur ajoutée brute de la pêche artisanale marine en Afrique (soit 38.8% de la VA totale de la pêche en Afrique)
Source : Wanjohi Kabukuru, “African fisheries still underdeveloped”, NewAfrican, 30/09/2020, https://newafricanmagazine.com/24375/ [consulté le 30/06/22]
LES IMPACTS DE LA PÊCHE & DE L’AQUACULTURE SUR LA BIODIVERSITE
L’augmentation de l’effort de pêche a conduit à une surexploitation de la plupart des ressources d’intérêt commercial. Les mauvaises pratiques de pêche artisanale (intrusion dans les aires marines protégées, prélèvement juvénile, non-respect du code la pêche, utilisation de mono-filaments ou d’explosifs …) aggravent le phénomène de surpêche et contribuent à la dégradation progressive de la biodiversité.
L’essor de l’aquaculture aggrave la raréfaction des stocks halieutiques. En effet, cette pratique nécessite des poissons sauvages pour nourrir les espèces d’élevage. Au-delà de cet impact indirect, l’aquaculture exerce de nombreuses autres pressions directes sur la biodiversité. Le développement de bassins d’élevage nécessite la conversion d’écosystèmes clés tels les mangroves. Les activités aquacoles participent également à la transmission de maladies et à la pollution des eaux via des rejets chimiques, médicamenteux et biologiques.
34,2%
Part des stocks mondiaux de ressources halieutiques surexploitées
Source : FAO. 2020. The State of World Fisheries and Aquaculture 2020. Sustainability in action. Rome.
La pêche et l’aquaculture ont des impacts négatifs sur la biodiversité du fait :
1. De la surpêche : baisse du renouvellement des populations pouvant mener à la disparition des espèces. La pêche ne devrait pas être uniquement guidée par la disponibilité des ressources. Leur renouvellement est à prendre en compte pour préserver la biodiversité.
2. Des méthodes et des zones de pêche : les techniques non-sélectives prélèvent de nombreuses espèces protégées. Elles dégradent également des habitats clefs pour le renouvellement des espèces (frayères, nurseries). Les pratiques et lieux de pêche doivent être contrôlés et régulés.
3. Des méthodes et des zones d’élevage : utilisation de produits chimiques et antibiotiques, pollution plastique dû au revêtement des bassins. Les installations nécessaires à l’aquaculture peuvent être installées dans des zones à haute valeur pour la biodiversité (littoral, mangroves). Les pratiques et lieux d’implantation doivent être contrôlés et régulés.