Filière bois d’œuvre : allier préservation de la biodiversité et croissance

 

Une des finalités de l’exploitation forestière est la production et la transformation de bois d’œuvre pour la construction ou l’ameublement. C’est un des secteurs qui contribue grandement à l’érosion de la biodiversité. C’est pourquoi une exploitation durable est indispensable à la préservation des services culturels, sociaux et écologiques fournis par les forêts (fourniture de bois, stabilisation des sols, stockage de carbone, chasse…).

L’exploitation forestière pour la production de bois d’œuvre regroupe l’ensemble des pratiques permettant de produire du bois pour la construction ou l’ameublement. 6 pays BIODEV2030 ont sélectionné l’exploitation forestière comme un secteur économique prioritaire participant à l’érosion de la biodiversité et au développement du pays. Trois ont plus particulièrement sélectionné la filière bois d’œuvre : le Bénin, la Guinée et le Vietnam.

LES ACTEURS & ENJEUX ECONOMIQUES de la filière bois D’OEUVRE

Dans le monde, l’exploitation forestière génère plus de 5 000 produits différents. Elle engendre également une valeur ajoutée brute supérieure à 600 milliards de dollars par an. En Guinée, ce secteur contribue à plus de 15% au PIB du pays. Mais la contribution économique des forêts est en réalité plus importante, ce secteur étant principalement informel.

Le développement économique, l’expansion démographique et l’urbanisation s’accompagnent d’un accroissement de la demande en produits forestiers. Selon les projections, cette demande augmentera considérablement dans les prochaines décennies. Au Vietnam, la valeur des exportations de produits du bois devrait croître de 70% entre 2021 et 2030. Au Bénin, la demande totale en bois pour le marché national et international est supérieure au potentiel forestier du pays.

Ces dernières années, le secteur forestier a commencé à modifier ses pratiques notamment via des certifications de gestion durables des forêts. Les risques opérationnels, réputationnels, marketing, juridiques et financiers motivent ces changements de pratiques. Ces pratiques durables peuvent notamment permettre d’augmenter les bénéfices dans la chaîne de valeur grâce à une valorisation auprès des acheteurs.

13.2 millions

nombre d’emplois générés par l’exploitation forestière dans le monde

Source : Banque Mondiale. Les forêts, une source d’emplois et de revenus [en ligne]. Disponible sur : https://www.banquemondiale.org/fr/topic/forests/brief/forests-generate-jobs-and-incomes (consulté le 15 juillet 2022)

LES IMPACTS DE la filière bois d’oeuvre SUR LA BIODIVERSITé

La filière bois d’œuvre exerce des pressions sur les écosystèmes tout au long de la chaîne de valeur. Ces pressions peuvent être plus ou moins importantes selon les modalités de gestion. Lors de la plantation des arbres, l’utilisation d’engrais, de pesticides et les modalités de traitement de la végétation (brûlage, défrichage) participent à l’érosion de la biodiversité. Les cultures mono-spécifiques (une seule espèce d’arbre) réduisent fortement la biodiversité. Le choix des essences d’arbres et leur association est ainsi primordial pour préserver la biodiversité forestière.

Le mauvais entretien des plantations, les méthodes de récolte (non sélectivité des coupes, rotations rapprochées) et les coupes illégales peuvent entraîner des trouées dans la forêt. Les graminées ont ainsi plus de place pour s’installer et les départs de feu sont plus courants. Par ailleurs, le chargement et le transport des arbres vers les usines de transformation nécessitent des infrastructures routières qui viennent fragmenter les habitats.

Enfin, les résidus de bois (sciures et copaux) ne sont pas toujours valorisés par les entreprises de transformation. Leur rejet en grand nombre dans l’environnement affecte le milieu de vie des plantes et des animaux. Il peut aussi provoquer des incendies.

La filière bois d’œuvre a des impacts négatifs sur la biodiversité du fait :

  1. Des essences d’arbre plantées : le choix des essences plantées et leur abattage ne devrait pas être uniquement guidé par les perspectives économiques ; la préservation de la diversité biologique de la forêt doit être également prise en compte.

2. Des méthodes de gestion des forêts : l’exploitation du bois d’œuvre doit être organisée pour éviter la dégradation des terres. Des plans d’aménagement et de gestion durable doivent être mis en place.

Les pistes d’engagement :

  • Définir des plans d’aménagement et de gestion simplifiée des forêts, qui prennent en compte les enjeux de préservation de la biodiversité
  • Sélectionner des variétés d’arbres forestiers en donnant la priorité au développement de variétés indigènes
  • S’assurer du respect de la législation en matière d’exploitation forestière par l’ensemble des acteurs de la filière
  • Augmenter significativement la part de bois certifié aux normes de durabilité

Sources :

  • OCDE (2009), « La forêt au service d’une croissance pro-pauvres », dans Natural Resources and Pro-Poor Growth : The Economics and Politics, Éditions OCDE, Paris.
  • World Bank. 2020. Note sur les forêts du Bénin. World Bank, Washington, DC. © World Bank. https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/34437 License: CC BY 3.0 IGO.”
  • Banque Mondiale. Les forêts, une source d’emplois et de revenus [en ligne]. Disponible sur : https://www.banquemondiale.org/fr/topic/forests/brief/forests-generate-jobs-and-incomes (consulté le 15 juillet 2022)