Le secteur extractif : comment éviter, réduire et compenser les impacts sur la biodiversité ?

L’extraction des minerais, minéraux et métaux est un maillon indispensable de l’approvisionnement d’industries aussi variées que la construction, l’aéronautique et l’espace, l’automobile, les composants électroniques, la bijouterie ou les énergies renouvelable.

Le secteur extractif est le secteur économique qui regroupe les activités de prospection et d’exploitation de mines et des carrières. Elle concerne l’extraction des roches, minéraux, terres rares et métaux. 9 des 16 pays de BIODEV2030 ont identifié l’industrie extractive (mines et carrières) comme un secteur économique prioritaire participant à l’érosion de la biodiversité et au développement du pays : le Burkina Faso, le Gabon, la Guinée, le Guyana, Madagascar, le Mozambique, l’Ouganda, le Sénégal et la Tunisie.

 

 

LES ACTEURS & LES ENJEUX ECONOMIQUES DU SECTEUR extractif :

La demande mondiale pour les matières premières minérales reste soutenue. L’Afrique, qui abrite 30% des réserves mondiales1, demeure une destination d’investissement. Les compagnies minières s’y installent, et participent ainsi au développement économique et social des pays. A titre d’exemples, le secteur minier emploie plus de 500 000 personnes à Madagascar, secteurs industriel et artisanal confondus ; au Burkina Faso, la seule filière de l’or représente 11% du PIB2 quand la Guinée est le deuxième exportateur de bauxite dans le monde et dispose de 2/3 des ressources mondiales3.

Au cours des dernières années, l’ensemble de la chaîne de valeur des industries extractives (acheteurs, banques, Etat, entreprises industrielles et acteurs artisanaux) a commencé à renforcer ses pratiques. Notamment pour répondre aux défis sociétaux et environnementaux mais aussi à ceux liés à l’érosion de la biodiversité. Les risques opérationnels, réputationnels, marketing, juridiques et financiers identifiés motivent ces modifications de pratiques. Cependant, les activités du secteur minier continuent d’exercer de grandes pressions sur la biodiversité.

20%

Part des mines artisanales dans la production minière mondiale

Source : Jean-Pierre Boris. (2018, 30 juin). Révélations sur les mines artisanales africaines [Émission de radio]. RFI.

 

 

LES IMPACTS DU SECTEUR extractif SUR LA BIODIVERSITE :  

L’exploitation des mines et carrières a un impact sur la biodiversité à plusieurs échelles spatiales et temporelles. L’ensemble du cycle de vie d’un projet minier engendre des répercussions sur les écosystèmes. Et celles-ci ne sont pas contenues au seul site d’extraction mais s’étendent à l’échelle régionale voire mondiale.

Les activités directes du secteur extractif (extraction, traitement et stockage des minerais) détruisent et contaminent les écosystèmes et les espèces qui y vivent via des rejets chimiques et physiques (poussières, aérosols, mercure, cyanure…). Forêts, zones humides et mangroves, milieux arides, récifs coralliens, eau douce et haute mer mer : le secteur minier n’épargne aucun écosystème. Par ailleurs, le développement d’infrastructures associées à cette exploitation (routes, pipelines) exacerbe les menaces qui pèsent sur la biodiversité, notamment la destruction et la fragmentation des habitats.

50 millions de km²

Domaine terrestre impacté par exploitation minière industrielle

Source : SystExt, Rapport d’étude controverses minières, novembre 2021, 162p.

 

Les industries extractives ont des impacts négatifs sur la biodiversité du fait :

1. Du choix du site de production : destruction et fragmentation des écosystèmes exploités. En effet, le choix du site ne devrait pas être uniquement guidé par les gisements présents ; l’impact écologique des écosystèmes détruits doit être également pris en compte.

2. Du type d’exploitation (industrielle, semi-mécanisée, artisanale) et des moyens d’exploitation (produits chimiques utilisés pour l’extraction des minerais et le traitement des déchets notamment). Les pollutions liées à l’industrie minières doivent être contrôlées, réduites voire nulles.

3. Des modes et voies de transport des minerais et des déchets. Etant donné que les exploitations ont déjà un très fort impact au niveau de la zone d’extraction, les nouvelles implantations devraient uniquement être autorisées aux abords de voies de transport existantes.

 

Les pistes d’engagement :

  • Evitement des zones de grande valeur pour la biodiversité pour l’implantation des sites d’extraction
  • Application de la séquence « éviter/réduire/compenser » ayant pour objectif « aucune perte nette de biodiversité »
  • Gestion raisonnée des produits chimiques, à titre d’exemple, réduire de 80% l’usage du mercure dans les mines artisanales
  • Réparation des dommages et remise en état des lieux après exploitation : restaurer au moins 80% de la surface de la mine ou de la carrière lors de la dernière année de la concession

Sources :

1 Maréchal Louis, « Le secteur minier est-il porteur de développement en Afrique ? », Politique étrangère, 2013/2 (Eté), p. 85-98. DOI : 10.3917/pe.132.0085

2 Direction générale du Trésor. (2020) Le secteur minier au Gabon. Ministère de l’économie, des finances et de la relance (consulté le 24/01/2022)

3 Ministère en charge des investissements et des partenariats publics privés de Guinée. Présentation sectorielle : Mines (consulté le 24/01/2022)

Crédit photo : ISSEMBE SONIER / AFD