Le secteur bois-énergie : comment préserver les écosystèmes forestiers tout en assurant la sécurité énergétique ?

 

Le bois-énergie correspond à l’utilisation du bois de chauffe ou du charbon de bois pour le chauffage, l’électricité ou encore la cuisson. Ce secteur contribue à la sécurité énergétique de nombreuses populations, notamment en Afrique.  Il est source de revenus pour les ménages les plus modestes mais peut exercer une forte pression sur la biodiversité, particulièrement sur les forêts.

Les filières bois-énergie regroupent toutes les activités liées à l’utilisation du bois pour produire de la chaleur ou de l’électricité. 6 pays BIODEV2030 ont sélectionné l’exploitation forestière comme un secteur économique prioritaire participant à l’érosion de la biodiversité et au développement du pays. Quatre ont plus particulièrement sélectionné le secteur bois-énergie : l’Ethiopie, la Guinée (carbonisation), le Kenya (carbonisation) et l’Ouganda.

 

LES ACTEURS & ENJEUX ECONOMIQUES Du bois énergie

Les populations dépendantes du bois-énergie n’ont cessé de croître au cours des trois dernières décennies en Afrique. Utilisé directement comme bois de chauffe ou transformé en charbon (processus de carbonisation), le bois-énergie constitue la principale source d’énergie pour 83% de la population en Afrique subsaharienne. En Ethiopie, il compte pour 90% de l’énergie totale utilisée.

Les filières commerciales du bois-énergie engendrent des chiffres d’affaires considérables pour les économies locales et sont essentielles pour l’économie rurale. Par exemple au Kenya, où la seule filière commerciale charbon de bois produit 1,6 milliards de dollars par an.

Le secteur contribue fortement au PIB des pays d’Afrique subsaharienne. Il fournit également des millions d’emplois aux producteurs, transporteurs, commerçants et vendeurs. En Ouganda, la filière charbon de bois contribue à hauteur de 26 millions de dollars au PIB. On estime qu’il emploie 870 000 personnes dont près de 60% issues de zones rurales. En termes d’emploi, sinon en termes financiers, son ordre de grandeur est comparable à celui des cultures de rente.

Malgré son poids socio-économique toujours croissant, la production et le commerce de bois-énergie restent souvent des activités essentiellement informelles. La filière n’est pas organisée, son cadre juridique est insuffisant voire inadapté ce qui génère des conséquences néfastes sur la biodiversité.  

+54,3%

augmentation prévue de la production de bois en Afrique entre 2015 et 2030

Source : Madon, Gérard. « Le bois, énergie de première nécessité en Afrique. Une ressource trop souvent négligée », Afrique contemporaine, vol. 261-262, no. 1-2, 2017, pp. 201-222.

LES IMPACTS DE la filière bois-énergie SUR LA BIODIVERSITé

L’approvisionnement en bois-énergie est considéré comme une cause importante de déforestation, et plus globalement de l’érosion de la biodiversité. Notamment à proximité des zones urbaines où la demande est croissante. Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne moins de 5 % du bois-énergie provient de plantations dédiées. Par conséquent, la quasi-totalité de la production est issue de ressources naturelles.

Les pressions ainsi exercées ont de nombreuses conséquences sur la structure, la fonction et la biodiversité des forêts (érosion et appauvrissement des sols, chargement des rivières en éléments fins, glissement des sols, …). Indirectement, cela entraîne des retombées négatives sur l’élevage, l’agriculture et l’accès à l’eau des espèces, comme des habitants.

Cependant son impact est variable en fonction du type de collecte. La collecte intensive orientée vers les marchés est plus dévastatrice que la collecte rurale, issue des déchets agricoles solides ou de bois morts, pour la consommation locale. 

-12%

De couvert forestier en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2014

Source : Madon, Gérard. « Le bois, énergie de première nécessité en Afrique. Une ressource trop souvent négligée », Afrique contemporaine, vol. 261-262, no. 1-2, 2017, pp. 201-222.

La filière bois-énergie a des impacts négatifs sur la biodiversité du fait :

  1. De la dégradation des forêts, voire de la déforestation : fragmentation et destruction des habitats naturels, perte de biodiversité, réduction de la ressource en eau et de l’ensemble des services écosystémiques rendus par les forêts.

2. Des pratiques de prélèvement : la diversification des chaînes d’approvisionnement en bois d’énergie permettrait de réduire les pressions sur les forêts et de valoriser les déchets d’autres filières (agricoles ou bois d’œuvre par exemple)

3. Ces impacts sont notamment la conséquence d’un secteur informel peu encadré : les pratiques de prélèvement du bois-énergie ne sont pas ou peu encadrées.

Les pistes d’engagement :

  • Mettre en place des plantations dédiées pour le bois de chauffe
  • Améliorer l’efficacité énergétique des foyers
  • Fournir des technologies permettant l’utilisation d’une biomasse non ligneuse alternative (résidus agricoles, production et utilisation de briquettes et de bois de chauffage)
  • Allouer des parcelles et mettre en place une gestion forestière collaborative afin de répondre aux besoins énergétiques et alimentaires des familles
  • Restaurer les forêts notamment avec des arbres autochtones
  • Améliorer l’accès des ménages aux poêles à économie d’énergie
  • Améliorer le suivi des évolutions du secteur et ses impacts sur la biodiversité
  • Mettre en place des réformes réglementaires foncières, forestières et fiscales
  • Encadrer et réglementer le secteur afin d’en réduire les impacts sur l’environnement et d’assurer son suivi

Sources :

Crédits photo : AFD