Cultures vivrières : produire plus, produire mieux et préserver la biodiversité

 

L’agriculture vivrière est une agriculture essentiellement tournée vers l’autoconsommation et l’économie de subsistance. Elle est en grande partie autoconsommée par les paysans et la population locale. Elle contribue à la réduction de la vulnérabilité alimentaire et financière des ménages mais également à l’érosion de la biodiversité.

L’agriculture vivrière (ou de subsistance) vise à assurer l’autosuffisance alimentaire des ménages. Elle se distingue ainsi de l’agriculture de rente, destinée à l’industrie agroalimentaire et à l’export. Tous les pays BIODEV2030 ont identifié l’agriculture comme un secteur économique prioritaire participant à l’érosion de la biodiversité et au développement du pays. 3 des 16 pays de BIODEV2030 ont plus particulièrement sélectionné les cultures de subsistance : le Cameroun, Madagascar et l’Ouganda.

 

LES ACTEURS & ENJEUX ECONOMIQUES Des cultures vivrières

L’agriculture africaine fait face à un dilemme. D’une part, produire plus pour satisfaire des besoins alimentaires croissants. La population en Ouganda devrait par exemple doubler d’ici 2050, atteignant près de 90 millions d’habitants. Et d’autre part, produire mieux en veillant à préserver la biodiversité.

Dominée par une agriculture vivrière, ce secteur emploie plus de la moitié de la main d’œuvre du continent (+ de 80% de la population active à Madagascar). Il permet également l’alimentation d’une population rurale qui croît de plus de 3% par an. Majoritairement composée de petites exploitations de moins de 2 hectares, elle utilise peu d’intrants, d’irrigation et de technologies agricoles. Elle est donc très vulnérable aux aléas climatiques.

L’un des enjeux est de satisfaire la demande locale sans recourir aux importations. L’augmentation de la production est donc centrale. Cependant les rendements sont faibles et n’augmentent pas. Les gains des dernières années ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des surfaces cultivées. La contribution de l’agriculture à la sécurité alimentaire et au développement économique proviendra en majeure partie d’un renforcement de l’efficience des productions agricoles et de l’amélioration de l’ensemble des chaînes de valeur agricoles (accès aux technologies agricoles, développement des infrastructures d’entrepôts, distribution, transformation, …).

55%

Part de la population active qui travaille dans le secteur agricole

Source : Agriculture stratégies. Investissement agricole en Afrique : un niveau faible… de nombreuses opportunités. [en ligne] Disponible sur : https://www.agriculture-strategies.eu/2018/02/investissement-agricole-en-afrique-un-niveau-faible-de-nombreuses-opportunites/ (page consultée le 16/08/2022)

LES IMPACTS négatifs des cultures vivrières SUR LA BIODIVERSITé

Les pressions sur la biodiversité sont multiples et vont se renforcer avec l’augmentation de la production agricole (accroissement des rendements ou des surfaces agricoles). Tous les milieux sont impactés.

L’augmentation de la surface agricole induit un changement d’usage des terres. Les habitat naturels de nombreuses espèces disparaissent ou sont fragmentés. Les forêts sont les premières impactées par le défrichement, avec les conséquences que cela entraîne pour les écosystèmes forestiers, riches en biodiversité. . D’autre part, certaines pratiques comme le nettoyage des parcelles par le feu, en plus de détruire la faune du sol, peuvent provoquer des incendies non maîtrisés sur des zones tampons ou des espaces protégés.

La qualité des sols se détériore du fait de la surexploitation des terres, de la conduite des parcelles en monoculture ou encore de l’utilisation (faible) d’intrants chimiques non homologués. Cela entraîne une perte de fertilité des sols, une modification de leurs propriétés (notamment en ce qui concerne l’infiltration des eaux) et la pollution des sols. Ces effets sont exacerbés par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture.

3 millions d’hectares

Superficie d’habitats naturels convertis chaque année en Afrique notamment du fait de l’agriculture

Source : UNEP. L’état de la biodiversité en Afrique, examen à mi-parcours des progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs d’AICHI. 2016. 112p.

L’agriculture de subsistance a des impacts négatifs sur la biodiversité du fait :

  1. Du changement d’affectation des sols au détriment de nombreux écosystèmes, notamment forestiers. L’augmentation de la production de doit pas nécessairement être synonyme de destruction et de fragmentation des habitats. L’impact écologique des cultures vivrières être pris en compte.

2. Des pratiques agricoles non soutenables : la surexploitation du sol due à certaines pratiques comme la diminution des périodes de jachère, ou de la conduite des parcelles en monoculture, entraîne une baisse de sa fertilité. La réduction des jachères impacte tout particulièrement de nombreuses espèces (notamment polinisatrices) qui s’y refugient. Ces temps de repos sont pourtant des atouts agronomiques, qui permettent de casser le cycle des parasites et d’améliorer la qualité des parcelles.

Les pistes d’engagement pour les acteurs des cultures vivrières :

  • Former les agriculteurs à la gestion durable des terres
  • Interdire la conversion de zones à forte valeur ajoutées pour la biodiversité en surface agricole.  
  • Invertir de façon concertée dans les infrastructures agricoles (matériel agricole, entrepôts, distribution, transformation)
  • Interdire l’usage d’intrants chimiques non homologués, veiller à l’utilisation raisonnée de ceux homologués et promouvoir l’usage de biofertilisants
  • Mettre en place un système de surveillance efficace des directives nationales ou territoriales en matière de biodiversité est mis en place
  • Promouvoir l’agroécologie et l’approche paysage :
    • Augmenter la part de producteurs de cultures vivrières qui utilisent les bonnes pratiques agroécologiques
    • Valoriser les bonnes pratiques agroécologiques auprès des consommateurs

Sources :

Crédits photo : AFD/ Cyril le Tourneur d’Ison